Occident: 3


Je me suis trompé de chemin

L'herbe est noire dans ta prairie

Mais je continue d'aller vers toi

Tu es mon exquise tromperie

Ma perdition voulue vers tes lois

Dans ton rêve je fais la plaidoirie

De mon rêve corrompu et assassin

Je suis le bourreau du beau

Le curieux des soirs étiolés

Le cube fou de Picasso

Le furieux contre le foudre qui ne foudroie

Le conditionné dru de Malraux

Le mordu de Paris sans étoiles

Les statues de Joséphine et de Napoléon

Tu es l'idée de ma mère

Le fouet de mon père

La haine de ma sœur

La jalousie de mon frère

Tu es le vers de Baudelaire

Le ver de mystère

Le verre de marche arrière

La philosophie de sainte misère

Tu es le châtiment d'être à la charnière

La corpulence de derrière

L'allure non apparente d'une fleur

Le miracle rompu dans ma tête


Je me laisserai mourir comme une lame qui blesse

A quoi bon de me garder

A quoi rime ta tendresse

Je suis déjà assassiné

A quoi sert toute cette maladresse

Tes douces griffes sont ma philologie

Tes brutales caresses

Ton corps brusque est mon archéologie

Tes dunes en liesse

Tes cheveux blonds sont mes douleurs animées

De crise et de féconde paresse

De dépossession et de joie illimitée

D'intromission et d'éléments inverses

Je ne veux plus de toi demain

Toutes les statues se sont brisées hier

Tous les verres blancs de mandarins

Tous les astres rêveurs

Toutes les fascinantes lumières

Tous les noirs bleus de délire et de fureur

Je ne voulais plus de toi hier

Demain n'appartient qu'aux magistrats .


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