Occident: 4

Ta jambe est la fête des amputés

Le cri des muets

Et la larme des yeux verts

Ta cuisse est l’océan des fées

La faute des diamants

Et l’arnaque des mystères

Ton ventre est l’interdit aux enluminés

Aux ongles des marins

Et aux tapis de prière

Comment faire pour te procurer le vent

Te détacher de feu

Te délivrer de pierre ?

Tes citadelles se croulent à mon passage

Je suis le moment de ton désir non désiré

Tous les deux sommes l’erreur du symbole

Paris cette idée noire

Allons-nous vers notre histoire déchirée ?

Tu craches ton sang

Je lape ton sang

Je suis le chien qui adore lécher les blessures

Tu me livres ton corps

Je défais ton corps

Je suis l’ongle de Napoléon et de ses fioritures

Le rêve que tu es s’évanouit la nuit

Au Quartier Latin Sartre célèbre avec nous la mort dans l’âme

La mort de l’existentialisme

La mort de la poésie et des récits

La mort des pages blanches

La mort des hirondelles qui savent lire

Pour t’aimer il fallait t’éviter

Ce serait l’écart relatif en mathématiques

Tu serais le clair ambigu des lunes et des structuralistes

La maudite question sur la valeur

La traversée de la Seine sous les ponts de la nouvelle ère

La nouvelle ère des menteurs et des charlatans

Ton histoire que j’adore et abhorre

Mon histoire

Mon déchirement

Ton miroir fracassé

Tes cheveux sont le deuil de l’automne

Le saule pleureur de ma tombe

Et le baiser de Judas

Ton dos est la neige blonde sur une mahonne

Le rivage inconnu des rames

Et le gibet des lilas

Tes hanches sont les damnés de linguiforme

La lingotière des mots

Et la sémiotique des sous-bois

Comment faire pour te façonner autrement

Te remodeler la volonté

Et te recréer la fable ?



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