Occident: 9

Les villageoises se dévêtissent à la tombée de la nuit pour séduire la lune
L’argent coule dans les champs
On entend les étranges étreintes avec le vent
On pense aux fleurs amoureuses
Les seins des villageoises m’imposent le silence
Leur ventre m’approche de la mort
Je veux croquer une pomme
Je veux m’accoupler avec une poire
Les villageoises se revêtissent au petit jour pour mentir au soleil
L’or se déverse dans les ruelles
On voit les ombres familières de temps
On a envie de boire l’eau de la source
Les traces des villageoises me troublent et je crie
Leurs souliers compriment mon enfance
Je suis heureux comme un coing
Je suis coupable comme un chat
L’amoureux de la terre trahit
Lorsqu’il aime il détruit
Lorsqu’il adore il anéantit
Lorsqu’il jure il injure
C’est pour quoi la terre s’attache à lui
Les arbres pour lui s’arrachent les cheveux
Le vent lui jure obéissance
La pluie abreuve les bouches sèches de ses pieuvres
C’est la condition de l’allégeance
A condition que les villageoises fassent une fête de la tempête
A condition que le tonnerre soit chuchotement
A condition que l’éclair vienne après le passage de leurs mains sur mon ventre
Les villageoises savent comment me conquérir
Comment me vaincre au combat de leurs lèvres avec le printemps
Comment me rendre tige de l’absolu
Comment me consomme comme la flamme de désir
Comment m’arracher à moi-même au moment où la nature se dégrade avec l’étouffement de leur plaisir
Comment me mettre à même de jouir leur vie
Comment me négocier moi le possesseur de leurs bas en soie comme une pièce de monnaie sans valeur avec la magie
Mais je ne suis que de passage
Et elles, elles seront toujours là
Pour envoûter l’univers.
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