Je veux occire l'arbre de la vie
Pour anéantir le sourire de l'orphelin
L'espoir est le sabot de l'envie
Le désir d'aller encore plus loin
Jusqu'à percer la voûte de la nuit
Jusqu'à transpercer le corps humain
Jusqu'à réchauffer la banquise
Jusqu'à sectionner les pins
Jusqu'à faire sauter les nids
Jusqu'à carboniser les jasmins
Jusqu'à enfoncer dans le ventre des violettes
Le couperet de jouir comme les félins
Je veux embraser le monde de benzène
Pour fêter l'anniversaire de mon enfant
La joie est l'odeur de la haine
La rancune de sable à l'occident
Jusqu'à souiller toutes les Madeleine
Jusqu'à abaisser tous les Jean
Jusqu'à foncer la Seine
Jusqu'à goudronner Zola
Jusqu'à bitumer la cervelle
Jusqu'à américaniser l'amant
Jusqu'à céder aux loups de mer à l'aveuglette
La fille de Hugo et de Fatima
Je veux dépuceler tous les poissons bleus
Pour venger une prostituée
La pureté est l'abandon de tout ce qui se meut
Les déchets de la déshumanité
Jusqu'à éteindre avec l'eau tout feu
Jusqu'à faire disparaître de la mer rouge les rougets
Jusqu'à chercher à paraître le forban pointilleux
Jusqu'à traverser l'océan à pied
Jusqu'à hausser les requins du milieux
Jusqu'à exhausser un mur au plus haut degré
Jusqu'à pêcher le sel et les squelettes
Et les cailloux géminés
Je veux vendre mon petit frère
Pour le repas d'un soir
Le poulet rôti est aussi bon que ma propre chair
Aussi délicieux que le riz au gras
Jusqu'à remplir mon estomac de ma misère
Jusqu'à permettre au rêve de m'écraser sous son poids
Jusqu'à m'offrir la force de violer ma sirène
Jusqu'à pouvoir abattre tous les chevaliers sous le drap
Jusqu'à m'épuiser comme un chien de merde
Jusqu'à rejeter des crachats de la bouche d'un roi
Jusqu'à avoir faim et vendre ma soeurette
Pour un repas encore meilleur que tous les repas
Je veux étouffer mon bébé parce que j'ai dix enfants
Pour faire plaisir aux savants d'Oxford et de Harvard
La surpopulation est la faute de ces pauvres cons qui ne savent faire
Que l'amour même si la lune boude leur ciel conjugal
Jusqu'à faire éclater la terre de mômes et de cafards
Jusqu'à assombrir le soleil et le reste des étoiles
Jusqu'à redevenir des bêtes rampantes
Jusqu'à rivaliser avec les créatures les plus barbares
Jusqu'à faire peur aux fleurs
Jusqu'à frapper avec les pieds l'ordinateur
Jusqu'à souhaiter nous faire mouvoir comme des marionnettes
Pour faire plaisir aux savants d'oxford et de Harvard.
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